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les minutes impossibles
25 juillet 2006

Pourquoi les minutes impossibles ?

dibujo1_1
dessin de Lorca, 1927



Pourquoi les "minutes impossibles" ?

 

Je reprends à mon compte - en oubliant qu'il s'agit de l'écrivain dont on parle - la proposition de RobertVal_ry_Larbaud Mallet (1915-2002), préfaçant Les poésies de A.O. Barnabooth de Valéry Larbaud : "L'auteur se masque et se démasque. Pour nous donner l'image de ce qu'il voudrait être, il a tout autant besoin de se dénuder que de se vêtir. Se mettre nu peut être en effet une façon d'étaler le mystère, comme le dissiper en s'habillant. Mystificateur ou démystifiant, parfois les deux, tel est généralement l'écrivain, même s'il n'en a pas conscience". (nrf, Poésie/Gallimard, 1966-2006, p. 7).

 

 

L'allusion aux minutes impossibles provient d'un poème de Lorca : Chanson du jour qui s'en va.

Chanson du jour qui s'en va

 

Ah, qu'il me coûte de peine
à te laisser partir, ô jour !
Tu t'en vas rempli de moi
et reviens sans me connaître.
Ah, qu'il me coûte de peine
à laisser sur la poitrine
les possibles réalités
de minutes impossibles !


Vers le soir un Persée
vient limer tes chaînes
et tu t'enfuis sur les monts
où tu te blesses les pieds.
Rien ne peut te séduire,
ni mon corps ni mes larmes
ni les fleuves sur lesquels
tu fais ta sieste dorée.


De l'Orient à l'Occident
je porte ta lumière ronde,
ta grande lumière que soutient
mon âme à bout de tension.
De l'Orient à l'Occident
qu'il me coûte de peine
à te porter avec tes oiseaux
et tes grands bras de vent !

Federico Garcia Lorca, Poésies II,
Nrf Poésies/Gallimard, 2005, p. 118



crepuscule_1

 

Les minutes impossibles de Lorca sont celles d'un devenir inaccompli. Les miennes appartiennent à l'irrémédiable accompli. Impossibles à ressuciter, impossibles à reconstituer entièrement dans la mémoire. Et pourtant si violemment présentes.

 

Albert_Lebourg_cr_puscule
Albert Lebourg (1849-1928),
Le traversier de Bouille, crépuscule



L'innommable

Valéry Larbaud

Quand je serai mort, quand je serai de nos chers morts
(Au moins me donnerez-vous votre souvenir, passants
Qui m'avez coudoyé si souvent dans vos rues ?)
Restera-t-il dans ces poèmes quelques images
De tant de pays, de tant de regards, et de tous ces visages
Entrevus brusquement dans la foule mouvante ?

J'ai marché parmi vous, me garant des voitures
Comme vous, et m'arrêtant comme vous aux devantures.
J'ai fait avec mes yeux des compliments aux Dames ;
J'ai marché, joyeux, vers les plaisirs et vers la gloire,
Croyant dans mon cher coeur que c'était arrivé ;
J'ai marché dans le troupeau avec délices,
Car nous sommes du troupeau, moi et mes aspirations.

Et si je suis un peu différent, hélas de vous tous,
C'est parce que je vois,
Ici, au milieu de vous, comme une apparition divine,
Au-devant de laquelle je m'élance pour en être frôlé,
Honnie, méconnue, exilée,
Dix fois mystérieuse,
la Beauté Invisible.

Les poésies de A.O. Barnabooth de Valéry Larbaud
nrf, Poésie/Gallimard, 1966-2006, p. 69.

Val_ry_Larbaud

  

 

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